Un raisin sain est la condition sine qua non pour obtenir un vin de qualité. Et le travail du vigneron dans ses vignes consiste, entre autres, à garantir cet état sanitaire. 

Loin de toute cette agitation, bien au chaud chez nous, nous avons parfois tendance à oublier quand nous dégustons notre verre de vin que le travail du vigneron dans ses vignes n’est pas de tout repos. 

Le calendrier des travaux viticoles est bien chargé et s’organise en fonction du cycle de la vigne et du rythme des saisons. Les vendanges sont le point d’orgue d’une année intense où les travaux se sont succédés et où la surveillance de la vigne est essentielle. Voici l’inventaire de ces principales opérations viticoles et leurs objectifs.

La taille d’hiver de la vigne

Ce travail a lieu entre décembre et mars, pendant le repos végétatif. Il consiste à éliminer les feuilles et le bois que le vigneron ne souhaite pas garder. 

La taille représente une part importante du travail du viticulteur. C’est une opération assez longue et délicate. Celui-ci doit déterminer quels bourgeons il gardera pour l’année. Il les choisit notamment en fonction de la taille qui est pratiquée sur le vignoble (gobelet, cordon de royat, guyot, …). La taille d’hiver détermine donc l’organisation des rameaux pour l’année et le nombre de bourgeons. 

C’est une opération qui n’est pas mécanisable (mécanisable = opérée par une machine). 

Les objectifs de la taille sont multiples:

  • contrôler la vigueur de la vigne;
  • allonger l’espérance de vie du cep car on limite son abondance;
  • contrôler les rendements;
  • régulariser la production;
  • conserver la forme de la souche;
  • augmenter la qualité potentielle finale du raisin. 

Ebourgeonnage et épamprage

Quand arrive le débourrement, c’est-à-dire le moment où les bourgeons s’ouvrent, certains apparaissent en surplus, et cela malgré la taille. Les travaux d’ébourgeonnage et d’épamprage ont lieu souvent quelques semaines après le débourrement, en avril/mai. Ils consistent à supprimer tous les bourgeons ou tous les rameaux indésirables, qui sont en surnombre par rapport à ce qui était prévu. 

Alors pourquoi emploie-t-on deux termes: ébourgeonnage et épamprage? L’ébourgeonnage c’est le travail qui sera opéré sur les parties aériennes de la vigne tandis que l’épamprage se fera sur la partie basse du cep.

Le but de cette opération est d’éviter un surplus de bourgeons qui pourraient représenter un risque de maladies. En effet, une fois que les bourgeons auront poussé, il y aura une accumulation de végétation, un environnement propice au développement de maladies dites cryptogamiques, c’est-à-dire provoquées par des champignons. 

Le deuxième objectif recherché par cette opération est de supprimer des bourgeons inutiles qui absorberaient une partie des nutriments lors de la croissance de la vigne. 

L’ébourgeonnage ne peut se réaliser que manuellement puisqu’il s’agit d’un travail assez délicat qui demande au viticulteur de choisir le rameau à supprimer. Par contre, pour l’épamprage, qui consiste à enlever les bourgeons qui poussent au niveau du pied du cep, le travail peut se faire manuellement, mécaniquement, chimiquement, avec des produits phytosanitaires de contact, ou thermiquement, en passant entre les rangs de vignes avec une machine et en utilisant la combustion d’un gaz pour brûler les rameaux indésirables. 

Le palissage et le relevage

Ce travail se fait sur les vignes qui doivent être palissées (certaines tailles de vignes ne demandent pas de palissage), et selon la taille, le palissage peut être collectif au rang de vignes ou individuel. 

On a donc un ensemble de piquets et de fils alignés auxquels on attache la végétation. On la relèvera ensuite au fur et à mesure que celle-ci grandit. 

Les objectifs de ces travaux sont multiples: 

  • augmenter l’efficacité de la photosynthèse puisqu’on dispose davantage de feuilles aux rayonnements solaires et qu’on les répartit mieux;
  • permettre le passage des machines;
  • rendre les traitements plus efficaces, si on en utilise, puisque les feuilles sont mieux réparties.

Le palissage et le relevage s’effectuent de fin mai à juillet et demandent de passer plusieurs fois dans les vignes, environ 2 à 3 passages. Le travail peut se faire manuellement ou mécaniquement si les conditions le permettent.

Le rognage ou écimage

Le rognage consiste à raccourcir la végétation qui a poussé, c’est-à-dire à supprimer une partie des rameaux de la partie terminale de la vigne. 

En fait, il existe une hiérarchie dans la distribution des nutriments assimilés par la plante. La vigne distribue d’abord les nutriments aux apex (les apex sont les éléments de la vigne qui se situent sur les parties terminales de celle-ci), en l’occurrence les jeunes feuilles des parties supérieures. 

Le but est donc ici de réaliser un équilibre entre les parties végétatives qui produisent des nutriments mais qui en consomment également et les parties reproductives, où se trouvent les grappes, qui ont également besoin de nutriments. De cette manière, on limite donc la concurrence. C’est l’objectif majeur du rognage mais il y en a d’autres:

  • maîtriser la végétation et permettre la circulation des machines;
  • améliorer l’ensoleillement et l’aération;
  • supprimer la jeune végétation qui n’est pas encore fonctionnelle au niveau de la photosynthèse;
  •  améliorer l’efficacité des produits. 

Le rognage s’effectue en été et peut se faire manuellement ou mécaniquement. 

Aujourd’hui, des vignerons font le choix de ne plus rogner mais d’enrouler ou de tresser les rameaux. C’est une technique qui est surtout mise en place dans des domaines en biodynamie.

L’effeuillage

L’effeuillage consiste à enlever l’intégralité ou une partie des feuilles qui sont proches de la grappe. 

Les objectifs sont les suivants:

  • favoriser l’aération des grappes et donc éviter le développement de maladies cryptogamiques (maladies causées par un champignon); 
  • avoir une meilleure efficacité des produits;
  • améliorer la maturité des baies de raisins. 

L’effeuillage se fait en été et le choix de la date précise se fait en fonction du résultat que le viticulteur souhaite obtenir. L’opération peut se faire mécaniquement, manuellement ou thermiquement.

Le vigneron doit rester vigilant avec ce travail et veiller:

  • à limiter les risques d’échaudage (échaudage = brûlure des raisins par les rayons du soleil);
  • à éviter de perdre un potentiel trop important de feuilles, ce qui serait problématique pour la photosynthèse et donc l’apport de nutriments.

Les vendanges en vert

Cette opération, qui porte également le nom d’éclaircissage, consiste à supprimer une partie des grappes avant qu’elles arrivent à maturité. L’objectif de ce travail est de diminuer le rendement de la production au moment des vendanges, de faciliter le mûrissement des grappes restantes et de concentrer le futur vin qui en sera produit.

Cette technique se pratique quelques semaines avant les vendanges et la date d’intervention doit être mûrement réfléchie car si elle a lieu trop tôt, la vigne va compenser et les grappes restantes grossiront davantage, ce qui aura pour effet de réduire l’influence bénéfique de l’opération.

Les vendanges en vert se font manuellement.

Il faut savoir que c’est une pratique qui est contestée par certains vignerons actuellement. 

Les vendanges

La période des vendanges est un moment crucial pour le vigneron. On récolte le raisin pour en produire du vin. L’important est de récolter un raisin qui soit arrivé à maturité (celle désirée par le vigneron en fonction du style de vin qu’il souhaite produire) et qui soit sain. Les vendanges peuvent se faire manuellement ou mécaniquement et se déroulent de manière générale de fin août à début octobre, les dates pouvant varier en fonction des régions, des cépages, de la météorologie, du style de vin, …  

Photo par Andrea Cairone sur Unsplash

J’espère que cet article vous aura permis de mieux comprendre les enjeux du travail du vigneron dans ses vignes et les tâches importantes qui l’attendent chaque année pour vous élaborer le meilleur vin possible.