Situé dans la région Franche-Comté, le Jura est un territoire encore préservé de l’affluence touristique. Il offre un magnifique cadre pour tous les amateurs de nature et de vin. Vous profiterez d’une charmante région bucolique aux accents montagnards, tout en étant bercé par une douce quiétude. Du côté des vins, le Jura ne se limite pas au vin jaune, même si c’est l’une de ses fiertés. On y produit également une palette de vins incomparable, vins blancs secs ou sucrés, dans un style oxydatif ou non, mais aussi des vins rouges, des vins rosés et des effervescents. La richesse viticole du Jura demeure également dans ses cépages autochtones: le savagnin, le poulsard, le trousseau, … Tous ces éléments participent à l’intérêt grandissant des touristes et œnotouristes pour la région.
La région viticole du Jura
Encore méconnu pour certains, le vignoble jurassien, essentiellement planté en coteau, est pourtant l’un des plus anciens de France. Situé face à la Bourgogne, le Jura s’étend sur une bande de 80 kilomètres de long entre plaines et montagnes. Il jouit d’un climat semi-continental avec des hivers rigoureux, des printemps froids et humides mais des étés chauds et des automnes ensoleillés.
Un paysage viticole unique
Le vignoble jurassien a beau être petit en taille, il possède une réelle originalité au niveau de la composition de ses sols. Très variée, elle offre une succession d’argiles et de marnes, de sols marno-calcaires, d’éboulis calcaires et d’alluvions. Cette richesse est due à l’Histoire géologique du territoire. D’ailleurs, si le sujet vous intéresse, je vous invite à vous procurer le livre de Michel Campy intitulé Terroirs viticoles du Jura. Pour résumer, il y a plus de 100 millions d’années, lors de deux périodes géologique qui sont le Trias et le Jurassique, la région, alors recouverte par la mer, a connu une accumulation de sédiments. Après le retrait des mers, ces sédiments sont devenus les marnes qui composent aujourd’hui les sols jurassiens. Au total, ce sont 90% des terroirs viticoles du Jura qui sont composés des marnes, avec des couleurs variables selon les endroits.
Ses cépages dominants
Le poulsard
Le poulsard, aussi appelé ploussard dans certaines communes, est le deuxième cépage le plus répandu du vignoble jurassien. Il représente 20 à 25 % de l’encépagement total et 80% des raisins rouges de la région. On assemble souvent cette variété avec le pinot noir et le trousseau. Vinifié seul, le poulsard donne des vins d’une grande finesse, de structure et de couleur légère. Son aromatique est fruitée avec des notes animales et ses vins sont souvent aptes au vieillissement. Ce raisin fragile mais apprécié peut être élaboré en rouge, en rosé, voire en blanc et en crémant.
Le savagnin
Véritable emblème jurassien, le savagnin blanc est en fait un parent du gewurztraminer au niveau génétique. On peut le trouver dans d’autres régions, comme en Suisse par exemple. C’est à partir de ce cépage que l’on produit le vin jaune et le vin de paille à l’excellent potentiel de garde. Mais cette variété donne également des vins blancs secs classiques aux arôme typiques de mirabelle, de pomme verte et de fruits secs.
Le trousseau
Terminons ce petit tour non exhaustif des variétés jurassiennes avec le trousseau. Né dans le Sud-Ouest de la France, ce cépage aurait migré dans le Jura. Son nom provient vraisemblablement de l’aspect ramassé de sa grappe de raisin. Cette variété donne des vins corsés et riches en alcool avec des arômes de fruits rouges. Il est le plus souvent assemblé avec le pinot noir et le poulsard pour apporter aux vins de la couleur. On le retrouve également au Portugal et en Espagne sous d’autres noms. Petite anecdote, nommé bastardo au Portugal, on l’utilise notamment dans ce pays pour l’élaboration du porto.
Les spécialités jurassiennes
Outre les vins blancs, rouges et effervescents, la région produit aussi des vins plus atypiques reconnus internationalement. Découvrons-les tout de suite.
Le Macvin
Commençons par le moins connu des trois, le vin de liqueur appelé Macvin. Déjà mentionné au Moyen-Age, ce vin est produit par mutation lors de sa vinification en y ajoutant une eau-de-vie de la région qui doit provenir de la même exploitation. Cette eau-de-vie doit être « rassise », ce qui signifie qu’elle a dû au préalable vieillir en fût de chêne pendant au moins 14 mois. Après mutage, on laisse la Macvin en fût pendant encore 10 mois au minimum avant de le mettre en bouteille et de le commercialiser. Il existe dans les trois couleurs, rouge, blanc et rosé, et développe généralement des arômes d’écorces d’orange, de coing, de fruits confits, de pruneau et de raisins secs. Il s’apprécie seul ou en base pour des cocktails. Pour vous inspirer, vous pouvez trouver plusieurs idées de recettes ICI.
Le vin de paille
Le vin de paille est un vin liquoreux. Produit en quantités confidentielles, ce vin blanc doux s’élabore à partir d’une technique rigoureuse et précise. Le procédé consiste à faire sécher les raisins vendangés dans de petites caisses perforées, c’est ce qu’on appelle le passerillage. Par cette méthode, les grains de raisins perdent une partie de l’eau qu’ils contenaient et se concentrent en sucre. On peut laisser ainsi les raisins se dessécher jusqu’à six semaines. Ensuite, on procède au pressurage et à la fermentation. L’élevage s’effectue en fûts et dure au minimum 18 mois. On obtient un vin doux et liquoreux qui se caractérise par des arômes de miel, de fruits confits, d’épices et de pruneau.
Le vin jaune
Le vin jaune est un vin unique produit à partir du savagnin. Sa première particularité c’est qu’après avoir fermenté, on conserve le vin 6 ans et 3 mois exactement en fût de chêne. Son autre particularité est qu’on ne procède pas à l’ouillage. Pour rappel, l’ouillage consiste à rajouter régulièrement du vin dans les fûts pour compenser la perte (par évaporation ou par absorption du bois) du liquide. On utilise cette pratique pour éviter l’oxydation du vin. Mais ici, le vin est protégé de l’oxydation et donc du contact direct avec l’air grâce à des levures qui se déposent en voile à la surface du vin. C’est également cela qui donnera son goût si particulier. A la dégustation, le vin jaune développe des arômes d’épices, de noix et de pommes vertes. Sa capacité de vieillissement en bouteille est impressionnante.
A la rencontre de quelques domaines jurassiens
Ce qui m’a le plus frappé lors de mes visites dans le Jura, c’est l’accessibilité et l’hospitalité des vignerons. A chaque fois, l’accueil a été chaleureux et les rencontres passionnantes. On remarque aussi une véritable volonté d’innovation dans les pratiques et un souci constant de respect du terroir et de la nature.
La Fruitière Vinicole d’Arbois
La Fruitière d’Arbois est une coopérative vinicole, l’une des premières en France. Créée en 1906, elle possède 270 hectares, c’est d’ailleurs le plus grand producteur en AOC Arbois. On compte aujourd’hui au total une centaine de sociétaires faisant partie de l’entreprise. Plusieurs d’entre eux sont aujourd’hui en reconversion bio et sont aidés dans leurs démarches par la Fruitière. Parmi les vins produits, on retrouve quelques cuvées sans sulfites ajoutés.
Ces dernières années, la Fruitière Vinicole d’Arbois a développé son accueil œnotouristique, spécialement pour la période estivale. Elle propose des promenades à vélo, organise des soirées de dégustation au caveau, participe à divers événements, … Au total, ce sont environ 8.000 personnes qui sont accueillies chaque été.
Quelques cuvées coups de cœur:
– le Crémant brut Béthanie issu d’un assemblage de chardonnay et de savagnin;
– la cuvée Love Poulsard sans sulfites ajoutés;
– le vin jaune de la coopérative.
Tous les vins de la Fruitière représentent un très bon rapport qualité-prix. Certaines références sont disponibles en Belgique dans les magasins Carrefour et la coopérative a récemment créé un e-shop, à découvrir ICI.
Le Domaine Fumey-Chatelain
Ce domaine familial de 15 hectares a pour philosophie de travailler la vigne avec le moins d’intrants possibles. La famille est composée d’Adeline et de Raphaël Fumey ainsi que de leurs enfants. Marin, leur fils, devrait à terme reprendre les reines du domaine viticole. Actuellement, il partage son temps entre le domaine familial et les régions viticoles du nouveau monde où il y travaille 6 mois par an pour perfectionner ses connaissances et compétences. Très attaché à sa région, Marin nous confie que « quand on est à l’étranger, on se rend compte de la chance qu’on a de vivre ici ». L’histoire de famille se prolonge avec la sœur de Marin, graphiste de formation, qui participe aussi à la production au travers des étiquettes qu’elle a designées.
Le domaine est actuellement en culture raisonnée mais à l’intention d’entamer une conversion en agriculture biologique dans les prochaines années.
Quelques cuvées coups de cœur:
– la cuvée Le Zouave 2015 produit à partir d’un assemblage de vieilles vignes de chardonnay;
– la cuvée Pièce rose. Véritable rareté, ce vin est produit à partir de savagnin rosé, à ne pas confondre avec le savagnin blanc. Cépage proche du gewurztraminer, ses arômes sont comparables mais en bien plus discrets. Son « insuffisance » aromatique et le phylloxéra sont les deux causes qui ont amené ce cépage à presque disparaître. Bonne nouvelle, on peut retrouver les cuvées du domaine à la fromagerie La Fruitière située rue du marché au charbon à Bruxelles.
Philippe Chatillon
Vigneron jurassien, Philippe Chatillon est très attaché au respect de la terre et travaille en bio et en biodynamie. Ancien régisseur du Domaine de la Pinte, il a créé son propre domaine en 2013 où il y produit uniquement des vins natures. Souhaitant aller plus loin, Philippe Chatillon a décidé de travailler ses vins en bio-harmonie. Pour cela, il utilise une harpe en cristal et des bols chantants. Peu courante, cette méthode a pour but selon lui d’équilibrer les vins. Alchimiste et amoureux du vivant, il crée des vins très expressifs qui reflètent une vraie personnalité.
Quelques cuvées coups de cœur:
– la cuvée Les nouvelles produite à partir de savagnin;
– la cuvée Amphore issue de raisins (savagnin) très mûrs vendangés fin octobre et élevés en jarre.
Domaine Thill
Bérengère et Eric Thill sont installés dans le Jura depuis 2007. Ce couple de passionnés possède un domaine de 6 hectares répartis en trois îlots. La spécificité du domaine est de produire des cuvées uniquement en monocépage. Ayant obtenu depuis 2012 leur certification en agriculture biologique, Bérengère et Eric accordent beaucoup d’importance au respect de l’environnement. Eric utilise peu de sulfites en cave, pour lui, c’est simple: « si le produit tient le coup, alors je le produits sans sulfites ajoutés. Mais je ne suis pas dogmatique au sujet des vins naturels. »
Quelques cuvées coups de cœur:
– la cuvée Les Grandes Vignes issue de Chardonnay;
– le vin jaune Les Grands Vignes.
Quelques activités ludiques
Le Jura est une région dynamique qui regorge d’activités insolites. Dans cet chapitre, je vous ai sélectionné deux activités. La première plaira beaucoup aux sportifs amoureux de nature et la deuxième sera plus adéquate pour une sortie en famille.
Dégustation sous le vignoble jurassien
Grâce à l’agence Nature Trip Jura, vous pourrez vivre une expérience inoubliable. Partez d’abord pour une activité de spéléologie dans une grotte qui n’est habituellement pas ouverte au public avec le guide spéléo Benji. Ensuite, dégustez, dans cette grotte, située sous le vignoble de Château-Chalon, des vins bio et natures en compagnie des vignerons. Cette activité immersive vous permettra de déguster au milieu des sous-sols qui confèrent la typicité des vins de la région. Beaucoup de sensations au rendez-vous! Pour toutes les informations, c’est ICI.
Atelier Parfums & Vins
Tiphaine, de l’entreprise Bulle à parfums, a pour objectif de vous faire découvrir le monde aux milles et une odeurs du parfum à travers diverses activités. Installée depuis 2011, elle a développé plusieurs ateliers : un atelier pour découvrir votre profil olfactif, une boutique de parfums rares, un atelier sur les parfums au jardin, une animation autour du parfum et du chocolat,… Découvrez ces différents concepts ICI.
J’ai pour ma part eu la chance de participer à l’atelier Parfums & Vins (du Jura). On part à la découverte des familles olfactives des parfums pour ensuite faire le lien avec les familles d’arômes des vins dégustés. C’est une approche originale et inhabituelle pour les amateurs de vin. Une expérience ludique et très intéressante qui vous offre un joli voyage olfactif.
Hello Cécile,
Je redécouvre ton blog avec un superbe design, j’en suis ravie !
J’adore cet article sur le Jura qui me rappelle plein de bons souvenirs de notre rencontre 🙂
Beaucoup d’informations importantes et détaillées sur cette magnifique région viticole qu’est le Jura, bravo !
Alexia
Bonjour Alex,
Ravie que le design te plaise. Merci pour ton retour sur cet article. Ce voyage reste également pour moi un très bon souvenir. J’ai été enchantée de pouvoir partager ces moments de découvertes œnologiques avec toi.
Bravo pour ce superbe article ! Tu résumes bien cette belle région qu’est le Jura !
Et j’aime beaucoup la nouvelle mise en page de ton site !
Félicitations
Un tout grand merci Hélène pour ton commentaire. J’espère pouvoir te faire voyager dans d’autres régions viticoles très bientôt.